🧠 Avant-propos — Comprendre la "merdification" du web
Dans un article percutant des Décrypteurs diffusé le 24 mai 2025, le journaliste Nicholas De Rosa s’entretient avec Cory Doctorow, écrivain et militant canadien, sur le phénomène qu’il a baptisé « enshittification » ou merdification du web. Ce terme, devenu mot de l’année 2024, désigne la dégradation progressive des plateformes numériques, qui commencent par séduire les utilisateurs, puis se tournent vers les annonceurs, jusqu’à sacrifier complètement la qualité au profit du rendement.
Facebook, YouTube, X (anciennement Twitter) ou même Apple sont passés maîtres dans l’art de cette dérive : suppression de la transparence, renforcement des verrous numériques, lobbying intense, et fusion-acquisition de concurrents pour établir des monopoles. Des lois comme le projet de loi C-11 (2012) au Canada, criminalisent même la réparation ou le contournement de certains verrous technologiques.
Doctorow plaide pour une « démerdification » par la loi, qui passerait par l’abrogation de ces dispositifs absurdes. Il appelle à restituer aux citoyens le contrôle sur leurs appareils et leur environnement numérique. Un appel à l’action qui ne peut plus attendre, selon lui, car les États-Unis, de plus en plus instables, ne constituent plus un modèle fiable à suivre.
📢 Maintenant, on sait qu'on est tous enfermés dans des prisons numériques…
Maintenant, on sait qu'on est tous enfermés dans des prisons numériques avec Meta, YouTube ou X pour ne nommer que ceux-là… et après, il se passe quoi pour nous les prisonniers?
On croyait qu’Internet était une promesse. C’est devenu une camisole.
Et pourtant, comme l’indique Cory Doctorow, la camisole est cousue de lois. Des lois écrites sous la pression de lobbies, des traités commerciaux imposés au nom du libre-échange, des décisions politiques rendues dans l’opacité, loin des utilisateurs, loin du bon sens. En d’autres mots : notre prison numérique est légale.
Alors, que faire des barreaux quand ils sont faits de lois? On peut les briser. Non pas par le chaos, mais par la réforme. Par l’intelligence civique. Par la volonté de redevenir maîtres de nos machines.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit : reprendre la souveraineté numérique. Démerdifier l’internet, ce n’est pas juste rendre nos applis plus conviviales. C’est restaurer le droit des utilisateurs à comprendre, modifier, réparer et choisir. Ce n’est pas une utopie. C’est une responsabilité politique.
🔓 Comment on sort de la cellule?
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En abrogeant les lois absurdes comme C-11 (2012) qui criminalisent l’ingéniosité et la débrouillardise au nom du profit corporatif.
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En favorisant les technologies ouvertes, les formats interopérables, les réseaux décentralisés.
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En soutenant politiquement la réparabilité, la liberté logicielle, le droit à l’auto-défense numérique.
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En revalorisant l’éducation numérique citoyenne, dès l’école, pour former des usagers libres, pas des consommateurs captifs.
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En nommant les coupables, sans détour, comme l’a fait Doctorow : les Zuckerberg, les Bezos, les Musk, ces barons féodaux du XXIe siècle qui prétendent innover tout en cloisonnant nos vies dans des enclos propriétaires.
Mais surtout, il faut oser rêver au-delà du carcan. Pas d’un retour à un âge d’or fantasmé d’Internet, mais d’un futur où le numérique serait au service des humains — pas des actionnaires.
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