jeudi 15 mai 2025

« Le plus grand pouvoir, c’est celui de définir la réalité. » — Yuval Noah Harari


 

L’illusion démocratique à l’ère du contrôle narratif

Nous vivons à l’ère de la démocratie. Du moins, c’est ce qu’on nous répète.
On vote. On s’exprime. On choisit.
Mais que vaut un choix lorsque les options ont été préformatées, les perceptions manipulées, les débats corsetés dans les limites étroites de ce que les plateformes veulent bien montrer ?

Peut-on vraiment parler de démocratie… si l’espace médiatique n’est plus libre ?
Si le récit collectif est contrôlé par une poignée d’acteurs ?
Si la voix du peuple est remplacée par le bruit d’une matrice algorithmique ?

🧠 Le contrôle narratif : nouveau pilier du pouvoir



Autrefois, pour dominer un peuple, il fallait l’asservir par la force.
Aujourd’hui, il suffit de capter son attention.
Le contrôle narratif ne repose ni sur des chars d’assaut, ni sur des chaînes. Il repose sur un levier bien plus subtil : la fabrication du réel.

Et ce réel se construit à coups de :

  • tendances Twitter qui masquent les véritables urgences,

  • narratifs simplifiés à l’extrême pour mieux polariser,

  • cycles d’indignation tournant en boucle pour mieux épuiser la pensée critique.

La propagande d’aujourd’hui ne dit plus "Voici ce que vous devez penser".
Elle dit : "Voici ce dont vous devez parler".
Et pendant ce temps, les vérités dérangeantes glissent dans le néant.

🧱 Une démocratie d’apparat

Le philosophe Étienne de La Boétie écrivait sur la « servitude volontaire ».
Aujourd’hui, cette servitude se vit dans le confort numérique, avec un sentiment d’agir, alors que nous réagissons seulement.

  • On croit participer. En réalité, on est dirigé par l’invisible.

  • On croit choisir nos sources. Mais elles nous sont suggérées, calculées, personnalisées.

  • On croit penser par nous-mêmes. En vérité, nos pensées sont cultivées comme du maïs OGM.

“Les chaînes de l’esclavage ne sont pas toujours en fer ; parfois, elles sont en fibre optique.”

🤖 Quand les algorithmes remplacent les constitutions

Les plateformes — X, Meta, YouTube — sont devenues nos nouvelles places publiques.
Mais elles ne sont pas neutres. Elles filtrent, favorisent, amplifient… sans reddition de comptes.
Et dans ces espaces contrôlés, ce ne sont plus les citoyens qui fixent l’ordre du jour.
Ce sont les narrateurs invisibles.
Ceux qui savent que contrôler ce que les gens voient, c’est contrôler ce qu’ils croient.

C’est ce qu’Orwell craignait… mais sous une forme encore plus douce, plus brillante, plus addictive.

✊ Rouvrir les fenêtres de l’esprit

Chez Les Papes, nous croyons qu’il ne suffit plus de défendre la démocratie formelle.
Il faut libérer la démocratie intérieure, celle qui vit dans l’esprit de chaque citoyen.
Celle qui exige qu’on dise parfois non à la distraction, non au bruit, non à la mise en récit imposée.

Il faut cesser de courir après ce qu’« ils » nous montrent,
et recommencer à chercher ce qui mérite d’être vu.

🧠 Quand la politique devient spectacle, qui tient la caméra?

Dans notre billet précédent, « Le plus grand pouvoir, c’est celui de définir la réalité », nous écrivions ceci :

« Le contrôle narratif ne repose ni sur des chars d’assaut, ni sur des chaînes. Il repose sur un levier bien plus subtil : la fabrication du réel. »

La réalité politique de Trump 2.0, telle que décrite par Arnould*, n’est plus l’affaire des faits, des lois, des citoyens. Elle est scénarisée. Chaque décision se fait en fonction de son potentiel de diffusion, non de sa légitimité démocratique. Ce qui compte, ce n’est pas la vérité, c’est ce que les gens sont prêts à croire. Ou pire : à regarder.

La démocratie devient un décor. Les institutions, des accessoires. La vérité? Un élément parmi d’autres dans la salle des costumes.

*:https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/2165456/presidence-trump-telerealite-en-direct

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