samedi 23 août 2025

Quand les récits étouffent les vies


 

On peut sourire d’une formule : « Dans ce théâtre cruel, ce n’est pas le réel qui compte, c’est l’image du réel. »

D’accord, mais à condition de rappeler que l’image finit toujours par être rattrapée par les faits : les morts sans sépulture, les déplacés sans toit, les enfants sans école, les familles sans avenir.

Car derrière chaque discours géopolitique, chaque justification stratégique, chaque propagande diffusée en boucle, il reste toujours le même visage oublié : celui du civil.

Qu’il vive à Gaza, à Kharkiv, à Kaboul, à Khartoum ou à Port-au-Prince, le civil n’a rien demandé d’autre que de vivre en paix, d’élever ses enfants, de cultiver son champ, de traverser la rue sans craindre la bombe ou le fusil. Et pourtant, c’est lui qu’on sacrifie au nom de causes qu’il n’a pas choisies.

Les récits militaires et politiques se succèdent, libération, sécurité, revanche, souveraineté, lutte sacrée, mais les faits sont implacables :

  • des otages à libérer, qu’ils soient prisonniers officiels ou civils arrachés à leur quotidien ;

  • des civils à protéger, principe universel du droit humanitaire sans cesse violé ;

  • la famine à enrayer, arme sournoise utilisée dans trop de conflits ;

  • les lois de la guerre à respecter, car sans elles, c’est la loi de la jungle qui domine.

Sans ces fondamentaux, tous les récits finissent mal. On peut prétendre « gagner » une guerre, mais si les civils survivent dans la peur, la misère et la haine, alors la défaite est partagée par tous.

Ce rappel n’est pas une utopie naïve : c’est la seule lucidité possible. Les peuples ne demandent pas la victoire de tel drapeau ou de telle idéologie. Ils demandent la victoire de la vie sur la mort, de la dignité sur l’humiliation, de la paix sur la peur.

Et si, dans chaque discours martial, chaque sommet diplomatique, chaque tract diffusé sur les réseaux, on commençait par poser une seule question : « Qu’en est-il du civil ? », peut-être qu’alors, le réel finirait par compter plus que l’image.

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