samedi 9 août 2025

Et si la terre n'appartenait à personne?




Ce ne sont pas les territoires le problème. Ce sont ceux qui croient qu’on peut s’en emparer, les posséder comme on possède un bijou ou une voiture. La Terre, en principe, ne devrait appartenir à aucun d’entre nous. Elle devrait nous être seulement prêtée, le temps de notre court passage terrestre.

Si nous avions la sagesse d’inscrire dans une Constitution terrienne trois principes simples: la paix, l’amour du prochain comme soi-même, et la solidarité, combien de guerres, de haines et de déshumanisations pourraient être évitées ? Mais l’Histoire nous montre qu’en tant que prédateur dominant, l’humain s’est surtout illustré par sa capacité à dresser des murs, tracer des frontières et mourir pour elles.

Et nous voilà en 2025, à regarder un nouvel épisode de ce vieux film.

Zelensky, président d’une Ukraine agressée, réaffirme : « Les Ukrainiens ne feront pas don de leur terre à l’occupant. »
Il défend son peuple, son pays, sa Constitution. On comprend cette fermeté : céder une parcelle serait reconnaître l’invasion comme légitime.

En face, Trump et Poutine préparent un sommet… sans l’Ukraine à la table. Un marchandage où l’on parle de “paix” comme on parle d’une transaction immobilière : toi, tu prends ce bout-là, moi, je garde celui-ci. Les commentateurs évoquent Yalta, ce moment où des puissances ont redessiné la carte du monde sans demander leur avis aux peuples concernés. La paix ici ne se dessine pas à l’encre de fraternité, mais au stylo des vainqueurs.

Et c’est là que le choc est violent. Car ce qui est en jeu, ce n’est pas seulement un territoire ukrainien ; c’est notre conception même du monde. Nous vivons encore sous l’illusion que posséder un morceau de terre nous donne le droit de décider de qui y vivra, qui y passera, qui en bénéficiera.

Tant que nous resterons prisonniers de cette idée que ce qui est sur Terre peut appartenir à quelqu’un, nous aurons des guerres. Pas seulement en Ukraine. Pas uniquement à Gaza. Partout où l’homme voit un bout de sol comme un trophée à défendre ou à voler.

Un jour peut-être, quand nous aurons compris que nous ne sommes que des locataires de passage, nous bâtirons enfin cette Constitution terrienne qui nous manque tant. Ce jour-là, les Trump, les Poutine et tous les autres négociateurs de butins de guerre n’auront plus de place dans l’histoire.

En attendant, il nous reste le choix de refuser la paix des vainqueurs pour défendre la paix des peuples.

Aucun commentaire:

Publier un commentaire

Quand les récits étouffent les vies

  On peut sourire d’une formule : « Dans ce théâtre cruel, ce n’est pas le réel qui compte, c’est l’image du réel. » D’accord, mais à condi...