lundi 11 août 2025

Washington, ville modèle ou vitrine de peur ?



Donald Trump pourrait bientôt déployer la Garde nationale dans les rues de Washington. Officiellement, c’est pour « chasser les criminels et les sans-abri » et rendre la capitale « plus belle qu’elle ne l’a jamais été ». Dans les faits, on se retrouve devant une vieille recette : grossir la menace, minimiser les nuances, puis arriver avec la solution spectaculaire qui fait bonne figure sur les écrans.

Le hic, c’est que les chiffres montrent que la criminalité à Washington est au plus bas depuis 30 ans. Pas exactement le scénario apocalyptique peint par Trump. Mais dans l’ère du spectacle politique, les données n’ont jamais la cote. Ce qui compte, c’est l’image : des soldats, des uniformes, des ordres brefs et des rues « nettoyées »… d’une partie de leurs habitants.

Et c’est là que le bât blesse : quand on parle de « mettre à l’écart » les sans-abri, on parle souvent d’humains qu’on déplace comme on déplace des bennes à ordures. L’argument du « logement ailleurs » sonne creux tant qu’on ne parle pas de solutions pérennes, inclusives et dignes.

Le parallèle avec le 6 janvier 2021 est frappant : ce jour-là, Trump avait mis quatre heures avant de faire appel à la Garde nationale pour protéger le Capitole. Aujourd’hui, il semble prêt à la déployer en un claquement de doigts… mais pour des raisons qui servent plus son image de « restaurateur d’ordre » que la sécurité réelle des citoyens.

Pour les enquêteurs du FBI réaffectés à patrouiller la nuit dans les rues, l’ironie est double : on détourne des ressources d’enquête pour jouer les policiers de proximité, comme on l’a déjà fait pour chasser les migrants. C’est une façon de gouverner qui privilégie le coup d’éclat sur le travail de fond.

Chez Les Papes, on voit dans cette histoire un exemple clair du « gouverner par la peur » : on peint la capitale comme un décor de film catastrophe pour mieux y placer le héros en treillis. Mais la vraie question reste : à qui profite ce théâtre ? Certainement pas à ceux qu’on veut « déménager » ou qu’on laisse végéter à la marge, loin des caméras.

Parce qu’au bout du compte, rendre une ville « plus belle » ne devrait jamais vouloir dire effacer ceux qui rappellent ses failles.

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