mardi 12 août 2025

Le progrès, la politique… et l’illusion du freinage



Oui, c'est bien d'expliquer le comment du pourquoi, mais ce que les gens se posent comme question aujourd'hui est plutôt de savoir si nous pouvons ou devons nous interposer devant cette réalité. Le Trumpisme est-il un cheminement incontournable du capitalisme et de la démocratie toute américaine, puisse-t-elle l'être et ses répercussions sur notre humanisme. Tout comme le progrès qu'on ne peut arrêter, est-ce qu'il en est de même pour la politique? Nos efforts, nos écrits, nos manifestations, nos cris de protestations sont-ils vains pour freiner la marche inexorable d'un monde gouverné par les ultra-riches de ce monde dictant leurs impériaux ordres à cette humanité fragile et connectée à leur discours plus que jamais?

Ce matin, à la Biblairie GGC de Sherbrooke, je feuilletais le résumé d’un ouvrage écrit par J.R.Dos Santos, " Chaos", détaillant les dangers d’une alliance Trump-Poutine pour la démocratie. En quelques lignes, tout y était : les ambitions démesurées, les convergences d’intérêts, les risques pour l’équilibre mondial. Rien de bien nouveau pour qui suit l’actualité, mais la démonstration était limpide.

Et pourtant, au lieu d’applaudir cette clarté, une autre question s’est imposée dans mon esprit : à quoi bon comprendre si nous ne savons pas agir ? Car oui, les faits sont désormais évidents, mais ce qui brûle les lèvres aujourd’hui, ce n’est plus seulement « pourquoi » cela arrive, mais si nous avons encore le pouvoir ou le devoir de nous interposer.

L’histoire récente nous donne parfois l’impression que la politique, comme la technologie, suit une trajectoire inarrêtable. Qu’un système bâti sur un capitalisme mondialisé, dominé par une poignée d’ultra-riches, produit mécaniquement ses Trump, ses Poutine et leurs héritiers. Comme si, au fond, le trumpisme n’était pas un accident, mais le reflet fidèle d’une époque où la démocratie sert souvent de paravent à des intérêts privés.

Alors, devons-nous continuer à marcher dans les rues, à écrire, à protester, à débattre ou devons-nous accepter que nous ne faisons que retarder l’inévitable ?

La réponse n’est pas confortable, mais elle existe : nos cris ne sont peut-être pas faits pour changer immédiatement le présent. Ils sont là pour laisser une empreinte dans le futur. Pour que, lorsque le cycle se brise, et il se brise toujours, il reste des voix, des textes, des idées qui serviront de boussole à ceux qui voudront reconstruire autrement.

Et c’est là que la solidarité prend tout son sens. Car si les riches sont riches, ce n’est pas à cause d’eux, mais à cause de nous. De notre travail, de nos achats, de nos votes, de notre silence parfois. Cela, il ne faut jamais cesser de le leur rappeler. Les ultra-riches ont la mémoire courte, mais notre monde ultra-connecté nous offre aujourd’hui un avantage inédit : chaque geste, chaque parole, chaque action concertée qui leur rappelle cette vérité agit comme un rappel permanent, une alarme qu’ils ne peuvent éteindre.

La meilleure façon de leur renouveler la mémoire, c’est d’agir ensemble, partout où nous le pouvons, pour leur rappeler que leur pouvoir n’existe que parce que nous l’acceptons et que, le jour où nous cesserons de le faire, il s’effondrera.

 

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